– Poèmes, par Pascale Cougard

il est court et simple

et compliqué à expliquer

de grâce 

– semble-t-il dire  –

pas de phrases 

parlons bref

un peu poème

tout le monde sait que je suis du bon côté des choses

que voulez-vous de plus

*

je suis l’inattendu qui vient toucher la porte

de qui va sortir au matin de son temps

Le poème s’avance doucement

poussant la porte invisible

de l ‘être

les yeux bandés

les mots posent en tremblant

leurs doigts légers

tout autour de l’émotion

cette terre incolore

vivante

dont ils cherchent la forme

ils devinent un puits de fin silence

où glisser leur lumière

pour sculpter dans l’ombre

le beau vase où fleurira la grâce

Ici dans ta cellule de silence

parloir où Dieu converse

une lueur  palpite

au rebord

de la haute fenêtre

des Ecritures

l’espace blanc des pages

dévoilé avec lenteur

ouvre un chant pur

viens Seigneur

prends ta place

elle t’attend

Comme l’oiseau reçoit l’espace

dans le grain

donne-moi ta Parole

– La grâce du haïku, par Julien N. Petit

Me voilà oiseau-lecteur guidé par la voix brute et légère du Haïku qui me parvient comme un jet de caillou. Les Haïkus d’Etienne Pfender invitent à un vol au-dessus de la Bible, qui ne peut être qu’un vol au-dedans, à l’image de la caverne de chair qui sauve et enferme Jonas pendant 3 jours.
L’impair prime dans l’alliance de ces vers, suscitant par leurs mots pensées et émotions suspendues, saisies et aussitôt coupées dans leur élan, dans une retenue pleine de grâce. Sans oublier la surprise, caractéristique de l’écriture du Haïku, comme de la grâce :

« Hiver ou printemps


dans ses entrailles puantes


zut comment savoir » 

*


 « hissant une lame

au reflet du soleil d’été

près de là un bouc » 


Double surprise ici, dans toute la force poétique : celle du vers rejoignant la forme sombre de l’animal qui détourne nos yeux du couteau qu’Abraham tient au-dessus de son fils, et qui n’ira pas plus bas, car l’Eternel a pourvu.
On n’entre pas dans un Haïku, écrit Etienne Pfender, « en passant sous un arc de triomphe, mais en se laissant cueillir par la simplicité sincère de ce qui donne à lire »


« six soirs et matins


l’Eden comme un rocking-chair


au septième jour » 


Par gros temps de précarité, il existe mille raisons de se glisser dans la grâce du Haïku, comme de se tenir dans l’équilibre fragile du rocking-chair.

– Vivre un épisode biblique à travers un recueil de poésie comme Nouaison, par Jacqueline Assaël

par Jacqueline Assaël

La Bible rapporte des expériences de vie, dans la foi, d’êtres humains qui sont ses auteurs connus ou inconnus, Ésaïe, Luc, etc., ainsi que leur entourage. Ces expériences sont intemporelles, puisqu’elles sont de nature spirituelle et que l’Esprit n’est pas affecté par le temps. Les aventures de la foi vécues au cours de nos existence ont donc tout à voir avec tel ou tel épisode biblique qui s’en rapproche, sur le fond, même si les circonstances particulières sont différentes.

Il est difficile de communiquer sur son rapport vécu avec Dieu, c’est pourquoi la Bible ne peut pas être lue superficiellement, à la va-vite, mais demande à être méditée pour que les lecteurs entrent en communion avec les situations évoquées et comprennent ainsi les particularités du récit qui en est fait. La poésie se trouve dans le même cas : elle cherche à faire partager des émotions, des rapports humains, une vision du monde ; tout cela demeure très intuitif, un peu insaisissable, mais elle parvient à établir un pont, une passerelle d’humanité entre l’auteur et les lecteurs, si ces derniers acceptent d’être attentifs et s’ils disposent d’éléments qui éclairent leur compréhension.

C’est dans cette idée que le livre dont il est question dans cet article : Nouaison, recueil de poèmes suivi de Genèse et nouaison, à la manière de Søren Kierkegaard a été composé. La réflexion sur le passage biblique racontant la ligature d’Isaac, dans le livre de la Genèse, a pour vocation, en plus de son intérêt intrinsèque, de suggérer les grandes orientations spirituelles du recueil Nouaison. Voyons comment.

Søren Kierkegaard est un philosophe et théologien danois du xixe siècle, qui exprime un luthéranisme exigeant, sombre et tourmenté quand il observe l’humain, mais radieux et enchanté quand il découvre en permanence la présence de Dieu autour de lui, notamment dans la lumière des paysages de forêts et de lacs de son pays. Il est réputé pour avoir une écriture absconse, mais il faut distinguer entre ses traités philosophiques, souvent assez compliqués, et son Journal, qui est très prenant et très accessible. Il médite sur l’épisode de la ligature d’Isaac dans un livre intitulé Crainte et tremblement, reprenant ainsi une expression de Paul pour définir le respect humain, face à Dieu : « Avec crainte et tremblement, travaillez à votre propre salut » (Épître aux Philippiens, 2, 12). Pour lui, la rencontre avec Dieu est plus qu’impressionnante. En atteste l’histoire d’Abraham qui, à un moment de sa vie, comprend qu’il lui faut sacrifier son fils Isaac à Dieu.

Kierkegaard ne lit pas cet épisode biblique comme un discours simplement édifiant ou symbolique. Il cherche à imaginer l’état d’esprit d’un être humain placé dans la situation d’Abraham, pour qui obéir à Dieu implique l’anéantissement de soi-même, de toutes ses fiertés, de tous ses espoirs dans le monde humain. Il représente tout d’abord son personnage comme nécessairement enfermé dans un mutisme profond, car sa conception extrême d’une foi infinie ne saurait entrer en dialogue avec l’instinct maternel de Sarah, par exemple, ou avec l’instinct de vie d’Isaac. Pensant que personne autour de lui ne sera capable de le comprendre, Abraham, le père des croyants, l’ami de Dieu, renonce à parler à des humains auxquels il démontre, coûte que coûte, la profondeur d’une foi totale, folle, monstrueuse selon leurs critères.

Cet Abraham de Søren Kierkegaard pourrait donner un des modèles du personnage masculin mis en scène dans mon recueil précédent : Frère de silence. Là aussi un être se mure dans une solitude intérieure exaspérante, presque désespérante, car il lui est impossible de partager l’intensité des épreuves que la foi elle-même avive en lui.

Dans son livre, Kierkegaard imagine plusieurs versions du départ d’Abraham et d’Isaac et plusieurs scènes correspondant à l’instant du sacrifice :

Comment imaginez-vous vous-même que vous vivriez cette aventure spirituelle d’Abraham ? Kierkegaard se pose quant à lui la question car sa foi l’a placé en situation de croire devoir renoncer à l’être en qui il voyait le plein bonheur de sa vie, pour leur bonheur mutuel et l’accomplissement de leur relation avec Dieu.

Dans Genèse et nouaison, cette question est reprise, avec les données suivantes : Dieu n’agrée pas le sacrifice des enfants ; la situation évoquée par le sacrifice d’Isaac correspond au mouvement de son père de livrer son fils à Dieu, de le livrer à la foi. Kierkegaard omet une hypothèse, dans son catalogue de situations : Isaac est peut-être d’accord pour couper avec les sécurités humaines et pour plonger en Dieu, jusqu’à la mort :

Il faut s’engager loin dans les impressions de la foi pour se débattre avec ces idées d’abandon des liens humains, de risque absolu. Nouaison tente l’expérience, dans cette réflexion à la suite de Kierkegaard, et dans une version poétique de la situation, à suivre, dans le deuxième volet de l’article.

Revenons quelques instants à Kierkegaard. Dans Crainte et tremblement, il illustre à travers deux histoires ce que représente pour lui une situation de lien spirituel. Il le fait successivement en essayant d’imaginer les relations entre le patriarche et son fils, lors de l’épisode de la ligature d’Isaac. Abraham se tait, car tout est indicible, au-delà de la parole au moment où il s’apprête à sacrifier son fils. Mais ce geste l’engage dans la manifestation une foi absolue, impensable qu’il accomplit de telle sorte qu’Isaac lui-même, pensant mourir, est forcément impliqué dans le même mouvement d’abandon à Dieu. Abraham dénoue alors le lien paternel qui l’attache à son fils ; il le confie à Dieu. Il l’abandonne à sa foi propre, d’adulte. Mais simultanément, éclot ainsi, forcément, à travers cette expérience de salut, la foi d’Isaac, non plus en son père, mais en Dieu ; ainsi, puisqu’Abraham est le père de tous les croyants, se réalise pour la première fois la dispersion de la foi à travers toutes les générations à venir. Isaac est délié de l’autorité paternelle d’Abraham, d’évidence lié pour toujours à Dieu, mais encore indissolublement noué à son père par cet instant de partage où leur présence mutuelle était requise pour que la foi glisse vers ce nouveau segment que devient Isaac, sur la corde des générations.

Kierkegaard imagine ainsi le mode d’attachement de deux êtres entre lesquels la foi se diffuse, d’une génération à l’autre. Puis il change de cadre narratif et il se réfère à l’histoire d’Agnès et le triton, poème dramatique d’Andersen, pour transposer la scène d’illumination spirituelle dans le cadre d’une histoire qui se passe entre un être masculin, le triton, et ladite Agnès. Dans le récit de Kierkegaard, la jeune fille s’aventure au bord d’un lac. Le triton, qui a tous les savoirs, tombe amoureux d’elle, il la porte un peu au-delà des berges de l’étang et ils regardent l’horizon. Agnès vit là la commotion de la beauté du monde. Rendu muet par un intense déchirement intérieur, le triton abandonne alors Agnès, renonçant à solliciter d’elle une union qui serait une déchéance, après cette découverte de l’absolu. Une question existentielle torture alors Kierkegaard : Agnès et le triton peuvent-ils alors continuer à vivre dans une espèce de solidarité spirituelle, malgré le départ sans retour et sans explication de ce génie des eaux, à travers qui la présence de Dieu – rien de moins et rien d’autre –, s’est révélée à Agnès ?

Le recueil Nouaison met en quelque sorte en scène la suite de cette histoire racontée par Kierkegaard ; la poésie cherche à expérimenter les émotions qui peuvent suivre après la disparition du triton, quand s’élève tout de même son éternelle prière implicite de communion avec celle à qui il a communiqué les fondements d’une spiritualité.

Le mot « Nouaison » est étrange ; il a surgi comme titre et il scande le recueil, pour signifier les impressions subtiles éprouvées par le personnage féminin qui sillonne en l’occurrence la vallée de l’Eyrieux moirée de l’or des genêts et les pentes du mont Mézenc (à la place des paysages du Danemark propres à l’univers de Kierkegaard).

Son voyage commence dans le bonheur et le calme d’une idée de liberté ; puis se produit une espèce de détachement, quand le souvenir du lointain triton et ses effets s’estompent, presque jusqu’au désenchantement.

Mais le recueillement, face à une abside de pierre ocre cernée d’une odeur de lilas, sécrète cette idée et cette situation de nouaison, c’est-à-dire la condition des jonquilles, lorsqu’elles sont soulevées par le vent et qu’elles libèrent en elles les germes sans substance d’un rayonnement immatériel, autrement dit la diffusion d’une foi qui se répand dans un paysage de printemps :

– Fêter le début de l’Avent en poésie, dans la paroisse de Cannes, par Jacqueline Assaël

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Palmes et psaumes

Le début de l’Avent a été l’occasion de commencer à préparer le Cinquième Festival de poésie de la Foi qui se tiendra dans la paroise de l’Église protestante unie, 7 rue Notre-Dame, à Cannes (06400).

Après le culte, la paroisse s’est en effet réunie pour un repas convivial dans ses locaux de la Colline et, en guisse de pousse-café, une lecture de poèmes effectuée par Yves Ughes et moi-même a permis à l’assistance de faire connaissance avec une partie de l’équipe organisatrice et des intervenants du Festival qui aura lieu au Printemps, du 11 au 14 avril 2024. Marie-Christine Gay et Christian Barbéry participaient également à la fête et ils ont posé ensemble les bases d’un duo pour une présentation des psaumes, qui s’inscrira dans le programme du Festival, parmi de multiples autres séquences.

Un Festival international, c’est-à-dire ouvert à des inspirations d’horizons divers

Le pasteur Christian Barbéry a souligné le caractère international du Festival, sans prétention mais avec une large ouverture. Effectivement, comme dans ses éditions précédentes,  la poésie de la foi sera évoquée non pas seulement dans son expression qui se développe actuellement en France dans le cadre du protestantisme, mais aussi en particulier à travers certains ses aspects de la mystique et du piétisme allemands, grâce aux exposés de Waltraud Verlaguet ou de Silvia Ill sur Mathilde de Magdebourg ou Matthias Claudius, et à travers les inspirations slaves d’Inga Velitchko. La diversité géographique offre l’occasion de situer nos points de vue actuels sous l’éclairage  d’un riche panorama qui se déploiera à travers l’espace et le temps. Elle permet de réfléchir sur les caractéristiques et la pertinence de notre propre pensée. Elle donne de la profondeur et du recul.

Dans le même esprit, un parcours nous conduira aussi à travers l’évolution de la littérature protestante, grâce à la soirée proposée par Olivier Millet ; des points de comparaison seront ainsi établis entre divers types d’expression de la foi, dans le passé; notre poésie actuelle révèlera ainsi ses spécificités.

Une invitation aux Îles de Lérins

Les paroissiens de Cannes ont déjà inscrit dans leur agenda la date et l’heure du coup d’envoi du Festival qui aura lieu à midi sur l’embarcadère des îles de Lérins, le jeudi 11 avril. Nous prévoyons en effet d’entraîner à la suite des intervenants présents, tout le public qui voudra participer à une visite du mémorial huguenot de l’île Sainte-Marguerite, avec une lecture poétique sous les eucalyptus.

Cette première rencontre de l’Avent

Certains paroissiens de Cannes se dont déjà signalés spontanément comme volontaires pour participer aux lectures qui se succèderont, au cours du Festival, avec notamment dans l’après-midi du vendredi, un focus sur les psaumes, qui donneront, avec les palmiers cannois, leur estampille particulière à cette manifestation Palmes et psaumes.

Au cours de ce début d’après-midi, des textes de plusieurs auteurs parus aux éditions Jas sauvages ont été lus : Michel Block, Gérard Scripiec, Jean Alexandre, Nicolas Dieterlé, Yves Ughes, moi-même…, et les paroissiens de Cannes ont pu se familiariser avec cette famille de poètes très divers, mais réunis par la foi.

Il s’agit bien de se familiariser avec la poésie, en effet. Les textes ouvrent une approche sensible d’univers personnels où les auteurs expriment leur manière d’aborder la prière ou leur sensation de la présence de Dieu dans diverses circonstances de leur vie. Ils apportent des couleurs et un compagnonage dans le champ d’une recherche spirituelle. Certaines personnes, dans l’assistance, nous ont dit ce qu’elles trouvaient à partager dans ces lectures à voix haute et bien sûr, les poètes présents en ont été heureux. Comme quoi, les lectures poétiques apportent une réciprocité dans la communication du bonheur.

Le partage poétique est une démarche qui se déploie lentement et de manière continue. C’est pourquoi, en dehors des quatre jours du Festival d’avril, nous avons prévu des moments de rencontre, comme ce premier dimanche de l’Avent, pour faire connaissance et poser des jalons. Nous avons apporté des livres, sur le stand des éditions Jas sauvages et ils nourriront le trajet de ceux qui en ont fait l’acquisition enthousiaste. Déjà avant le Festival nous cheminons donc ensemble.

– Charles Péguy, une œuvre inclassable. Conférence de Yves Ughes

Nous l’avons éprouvé lors de nos précédentes séances, notre travail consiste à conduire vers la poésie en détruisant les clichés et les obstacles qui nous séparent d’elle. 

Ce sera ce soir plus vrai que jamais. 

En effet la vie et l’oeuvre de Charles Péguy demande une disponibilité intellectuelle à laquelle nous ne sommes plus habitués en ces temps numériques et de réseaux sociaux invitant au manichéisme et à l’invective facile. 

La vie de Charles Péguy est effectivement émaillée de prises de position complexes et pour tout dire déroutantes. Il se trouve toujours là où on ne l’attend pas, et quand on le saisit sur une route, il semble la prendre à l’envers. 

Portrait de Charles Péguy par Jean-Pierre Laurens

Le voici Républicain, c’est une catégorie, mais il investit la République d’une notion troublante : La révolution sociale sera morale ou ne sera pas » [1](1901). D’autres pensent au contraire que la révolution n’a rien à voir avec la morale et que « la fin justifie les moyens ». 

Le voici catholique, c’est une catégorie rassurante mais Péguy ne peut rester en place et le voici affirmant : L’Eglise ne s’en tirera pas à moins d’une révolution sociale ».[2] Quand on voit les difficultés qu’a le Pape François à faire évoluer l’Église, on se dit que la modernité de Péguy a encore de beaux jours à vivre. 

Cet auteur qui se plaît dans l’oxymore  renverse donc toutes les barrières et se plaît à mêler les contraires. Il est tout à la fois socialiste et anarchiste, catholique et libertaire. 

De nos jours, ces types de liaison sont dangereuses. La nuance et l’intelligence dérangent. Nombreux sont donc ceux qui, en aparté, se plaisent à réduire, à caricaturer. Fleurissent ainsi les termes les plus simplistes. Péguy serait ainsi un « fanatique de Jeanne d’Arc », un catholique conservateur. Et le tout pourrait être résumé dans un mot couperet : cet auteur est indéniablement, irréversiblement, incurablement réactionnaire. 

Pour lutter contre ces images figées, il nous faut faire un effort d’authenticité et d’honnêteté intellectuelle. 

Et donc reconnaître dans un premier temps que Charles Péguy a fourni nombre de bâtons pour qu’on le batte. 

Dans Le Petit Journal daté du 22 juin 1913, il écrit ces mots : « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous un traître pour nous poignarder dans le dos. [3] ». Quand on sait que le 31 juillet 1914, au café du Croissant « ils ont tué Jaurès » il faut bien reconnaître que cette invitation de Péguy fut pour le moins malheureuse. 

Circonstance aggravante, Péguy revalorise des mots qui, sous le poids de l’Histoire, deviennent autant de buissons épineux. 

Il glorifie la famille et pour lui le travail est une valeur cardinale. Par Jeanne d’Arc il trouve un ancrage sur terre, la France, sa patrie. Travail, famille, patrie : le triptyque de Vichy est sans appel il revient, par anachronisme, comme un ricochet assassin dans l’œuvre du poète.

Pour aborder cette œuvre, il nous faut retrouver la valeur première des mots, avant qu’ils aient été souillés par l’Histoire. Il nous faut retrouver les mots dans leur émergence première. C’est un passage obligé pour entrer dans son œuvre poétique. 

La travail est pour Péguy l’expression d’une noblesse, celle de l’ouvrier et de l’artisan. Sa défense ira de pair chez lui avec une attaque en règle de son monde : « c’est exactement dans cet ordre, en commençant par les bourgeois et les capitalistes, que s’est produite cette désaffection générale du travail qui est la tare la plus profonde, la tare centrale du monde moderne. [4] ». 

Il en va de même pour la famille qui n’est pas chez lui la structure dépositaire du conformisme, elle s’offre au contraire comme lieu de transmission des valeurs et de la vie. 

« Ce sera son nom et ce ne sera pas son nom, puisque ce sera (devenu) le nom de ses fils. 

Et il en fier dans son cœur et comme il y pense avec tendresse. 

Que lui même ne sera plus lui-même mais ses fils.[5] ». 

On le perçoit donc avec clarté, pour aborder cette œuvre inclassable, il nous faut abandonner toute tentation de classement et accepter la refondation des mots. 

Pour avancer dans notre propos, nous suivrons trois étapes.

  • Nous verrons la traversée faite par Péguy d’une époque qui va de l’affaire Dreyfus à la guerre de 1914. 
  • Nous aborderons ensuite un texte troublant : le mystère de la charité de Jeanne d’Arc. Paradoxalement, le drame de l’homme moderne s’y joue. 
  • Enfin, avec Le Mystère du Porche de la deuxième vertu, nous verrons que c’est espérer qui est difficile. 
  1. des engagements à la fois clairs et décalés. 

Charles Péguy, dans sa vie comme dans son oeuvre, n’est jamais de tout repos. Et c’est heureux. 

Pour comprendre son oeuvre, il nous faut cerner ses entrées dans le siècle, elles sont éclairantes. 

Dès le début de l’affaire Dreyfus, le poète est dreyfusard. À sa façon. Pour nous tout est simple, placé dans la perspective de l’histoire. Mais n’oublions pas le rôle de l’église et de sa presse, à commencer par La Croix et le Pèlerin, qui ont brillé par leurs caricatures antisémites et d’une grande cruauté envers Zola. On écrit ainsi dans un éditorial consacré au procès de « J’accuse » en citant Zola : Étripez-le ! 

Péguy entre pourtant dans la défense du Capitaine avec des mots de connotations essentiellement chrétiennes : de toutes les passions qui nous poussèrent dans cette ardeur et ce bouillonnement, dans ce gonflement et dans ce tumulte, une vertu était au coeur et c’était la vertu de charité. ». 

Quand il adhère au socialisme, Péguy n’en est pas plus reposant. À l’heure de la lutte des classes qui divise le monde en « bons » et « méchants » il apporte un supplément perturbant. Ce qu’il est convenu d’appeler « le peuple » est mythifié, le peuple est le nouveau messie qui va apporter le bonheur sur terre. Péguy nous met en garde, en inversant une phrase de Beaumarchais : « Il ne faut pas non plus que le peuple veuille tout savoir sans avoir jamais rien appris. Il ne faut pas que le peuple non plus ne se soit donné la peine de naître peuple.». Et voici jetées bas les mythologie de quatre sous, parce que pré-fabriqués. 

Il sera tout aussi inclassable dans le cadre de l’église : rien ne lui est plus étranger que la morale confortable diffusé par les catéchismes et qui permet d’avoir, comme Tartuffe, de « petits arrangements avec Dieu ». Le voici affirmant : « Gardons-nous d’exercer une autorité de commandement moraliste » ajoutant : «  lorsque la vie surnaturelle reflue, le moralisme triomphe ». 

Péguy est donc sans cesse en engagements et en ruptures, mais un mot unifie toute son existence, il s’agit du mot « exigence ». Nous allons le vérifier par son oeuvre. 

B) LE MYSTÈRE DE LA CHARITÉ DE JEANNE D’ARC. 

Le titre n’est pas porteur dirait-on aujourd’hui, il fait référence à un genre théâtral qui s’épanouit au Moyen-Âge, et nous sommes en 1910. Pour mémoire, en ces temps, Georges Claude met au point le tube de Néon, la comète de Haley est photographie et Marie Curie isole le radium. En remontant au Moyen-Âge et en se dirigeant vers Jeanne d’Arc, Péguy fait preuve de passéisme. 

Il suffit de lire la réplique suivante pour se convaincre du contraire. Avec ce texte l’auteur nous place au coeur d’un problème qui demeure dans notre contemporanéité : la permanence du Mal. 

Ô mon Dieu, si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre fils, que vous aimiez tant, votre fils est venu, qui a tant souffert, il est mort, et rien, jamais rien (…) Des années ont passé, tant d’années que je n’en sais pas le nombre ; des siècles d’années ont passé ; quatorze siècles de chrétienté, hélas, depuis la naissance et la mort et la prédication. Et rien, rien, jamais rien. Et ce qui règne sur la face de la terre, rien, rien, ce rien que la perdition. Quatorze siècles (furent-ils de chrétienté), quatorze siècles depuis le rachat de nos âmes. Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est que le royaume de la perdition[6]. (…) Comment se fait-il que de bons chrétiens ne fassent pas bonne chrétienté ? [7] ».

Jeanne D’Arc souffre d’acédie. Une maladie qui vient du doute installé dans la vie spirituelle. Il a pour conséquence la dépression, l’ennui, la torpeur et un repli sur soi. 

Ce n’est pas une maladie du passé, elle peut resurgir dans le monde moderne, celui de la démocratie qui place l’homme face à lui-même, à son problème existentiel. Vivre en collectivité, socialement, participer à la vie du pays est un bien précieux. Mais il ne suffit pas pour répondre à la question essentielle de notre présence sur terre et sur le sens qu’il faut lui donner. 

On ne dépasse cette question qu’en la déposant dans le temps durable. On dépasse le drame d’être en l’inscrivant dans une relation de foi charnelle dans le monde, avec la création du monde. 

Et vous vigne, soeur du blé. Grain de la grappe de vigne. Raisin des treilles. Vendanges du vin des vignes. Ceps et grappes des vignobles. Vignobles des côteaux. 

Vin qui fûtes servi sur la table de Notre-Seigneur. Vigne, vin qui fut bu par Notre-Seigneur même, qui un jour entre tous les jours fûtes bu. 

Vigne, vigne sacrée, vin qui fûtes changé en sang de Jésus-Christ, un jour entre les jours et qui tous les jours aux mains du prêtre êtes changé, n’étant plus vous-même, 

mais étant le sang du Christ.[8]

Que l’on soit croyant ou pas importe peu, ce que dit ce texte est notre besoin de fusion avec le monde, et donc de spiritualité. Nous sommes loin de la société de l’argent et de la consommation. Émerge alors dans le Mystère le personnage d’Hauviette qui fournit un contrepoint à l’acédie de Jeanne : 

Prier en se levant parce que la journée commencera, prier en se couchant parce que la journée finit et que la nuit commence, demander avant, remercier après, et toujours de bonne humeur, c’est pour tout ça ensemble, et pour tout ça l’un après l’autre que nous avons été mis sur terre.[9]

Nous pouvons dès lors aborder un autre Mystère : Le Porche du Mystère de la deuxième vertu. 

C) C’EST ESPÉRER QUI EST DIFFICILE. 

Pour respecter le temps imparti, cette partie laissera la parole presque entièrement à la poésie de Péguy. 

Écoutons simplement en exergue ce dit de ce texte le préfacier Jean Bastaire : 

« Péguy s’y est engagé en pleine détresse parmi un champ de ruines. Hormis ses enfants, plus n’était sauf de ce qui avait donné un sens à sa vie. La trahison du Dreyfusisme, et l’avilissement du socialisme avaient sapé sa foi révolutionnaire. [10] »

« À l’anémie de l’être, quand on n’a plus envie que de se coucher et mourir, Péguy oppose une cure radicale. Il ne fait pas au moyen de raisonnements, encore moins d’admonestation ou de consignes. Il a horreur de la morale et se moque de la psychologie. Sa thérapeutique est spirituelle. Elle a pour instrument le poème. [11]

Au nom de quoi, Péguy cède la parole à Dieu 

Dans le regard et dans la voix des enfants

Car les enfants sont plus mes créatures 

            Que les hommes 

Ils n’ont pas encore été défaits par la vie 

            De la terre. 

Et entre tous ils sont mes serviteurs. 

            Avant tous. 

Et la voix des enfants est plus pure que la voix du vent 

            dans le calme de la vallée.

            Dans la vallée récoite. 

Et le regard des enfants est plus pur que le bleu du ciel

            que le laiteux du ciel, et qu’un rayon d’étoile dans 

            la calme nuit. 

Or, j’éclate tellement dans ma création. 

Sur la face des montagnes et sur la face de la plaine. 

Dans le pain et dans le vin et dans l’homme qui laboure

            et dans l’homme qui sème et dans les moissons et dans 

            la vendange. 

Dans la lumière et dans les ténèbres. 

Et dans le coeur de l’homme qui est ce qu’il y a de plus 

            profond le monde

Créé. 

Si profond qu’il est impénétrable à tout regard 

Excepté à mon regard. 

Dans la tempête qui fait bondir les vagues et dans la

            tempête qui fait bondir les feuilles.

Des arbres dans la forêt. 

Et au contraire dans le calme d’un beau soir. 

Dans les sables de la terre et dans la pierre du foyer et dans 

            la pierre de l’autel. 

Dans la prière et les sacrements. 

Dans la maison des hommes et dans l’église qui est ma 

maison sur la terre 

(…) 

J’éclate tellement dans toute ma création

Dans l’infime, dans ma créature infime, dans ma servante infime, 

Dans la fourmi infime[12]

Ce texte qui vient conclure notre propos concentre les principales  données de l’oeuvre poétique de Charles Péguy. Cette volonté de dépasser le malheur par une démarche de vie. Et, chez lui ce dépassement se fait par la poésie. Qu’est-ce à dire ? Nous l’avons bien perçu la poésie et avant tout chez rythme. Comme l’affirmait Roland Barthes le rythme est au commencement. Il scande à la fois la présence et la disparition de l’objet du désir. 

C’est par le rythme lancinant, par ses répétitions que le poète s’approprie ce monde qui tend à se dérober vers le néant. 

Ainsi se met en place une communion, avec la création et donc avec le créateur. 

Communion accomplie par la langue, la relation physique avec le monde et le mots. 

L’homme dès lors peut espérer dans un monde qui le porte et le dépasse, il peut, comme Jeanne, espérer sans motif, sans but, hors d’elle-même, sans savoir comment. 

Et lorsqu’elle fut remplie d’espérance alors elle fut pénétrée des moyens de réaliser cette espérance. [13]

Le 19 novembre 2023. 

Vence. 


[1] Jean Bastaire. Péguy tel qu’on l’ignore. Editions Gallimard. Collection « Folio-Essais » (N° 282) 

Quatrième de couverture. 

[2] Id. Ibid. 

[3]Le Petit Journal, daté du 22 juin 1913

[4] Jean Bastaire. Péguy l’insurgé. Collection Traces/Payot. Paris. 1975. Page 147

[5] Charles Péguy. Le porche du mystère de la deuxième vertu. Collection Poésie/Gallimard. Paris 1986. P. 31

[6] Charles Péguy. Oeuvres poétiques et dramatiques. Éditions Gallimard. « La Pléiade » Paris.Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc 2014. P. 403

[7]Id. Ibid. P. 404

[8] Id. Ibid. P. 418

[9] Id. Ibid. P. 428 

[10] Charles Péguy. Le Porche du mystère de la deuxième vertu. Opus cité. Préface de Jean Bastaire. P. 7 

[11] Id. Ibid. P. 7

[12] Id. Ibid. pp. 18-19

[13] Charles Péguy. In l’Action Française, juin 1910. Entretien avec G.Valois. 

– En ligne de mire, le Festival de poésie de la foi de Cannes, « Palmes et psaumes », par Yves Ughes

Quand on dit « tout naturellement », c’est dire vite car dans les faits notre action dans le monde relève – selon moi – de deux mystères qui nous placent au coeur de notre condition. 

            D’une part, nous parlons. Nous écrivons. Ce qui, si l’on se dégage de l’habitude, souligne avec force l’originalité de l’être humaine, cet animal parlant. Que faire avec le langage, quel rôle peut-il jouer dans notre vie de Chrétien, individuellement et collectivement. 

            Que dire d’autre part de la foi qui nous porte et de la grâce qui nous est donnée, comment percevoir l’Amour de Dieu, s’ouvrir à Lui ? Blaise Pascal le disait déjà en son temps : « Il y a loin de la connaissance de  Dieu à l’aimer »[2]

Pour avancer dans le monde, nous avons besoin de creuser ces deux mystères, sachant que ces domaines sont infinis. Le culte, les études bibliques et les actions de notre Église sont des moments privilégiés pour tenter de mieux dire et de mieux « comprendre ».

Le Festival « Poésie de la Foi » est une autre forme de ces moments clés. Personnellement j’ai vécu les quatre sessions auxquelles j’ai participé comme d’intenses rencontres qui mettent en oeuvre trois données fortes : l’approfondissement, l’élargissement et une synergie chaleureuse. 

            Le Festival présente toujours un programme dense. Chaque intervenant se doit donc de respecter le temps qui lui est attribué. C’est une contrainte féconde car elle nous demande pour paraphraser Pascal – encore lui – de prendre le temps de faire court. 

Toutes les interventions sont ainsi l’occasion donnée de creuser un sujet de prédilection: l’éventail se déploie amplement et d’une façon variée. Le lien commun étant un recours permanent aux textes, à leur interprétation, à leur mode de création, aux parcours qu’ils dessinent. 

Durant la journées l’occasion nous est donnée de creuser, d’approfondir ce qui nous anime. Il ne s’agit pas de mettre d’une façon mondaine des mots sur des mots, mais d’aller toujours plus avant dans le domaine de cette création artistique qui fait écho à la Création, domaines infinis s’il en est.

            Cette approche de la Poésie de la Foi s’inscrit pleinement dans notre culture protestante, de même qu’elle a la volonté d’inscrire une dimension protestante dans la culture. Loin d’être une rencontre repliée sur un passé embaumé, ces moments d’échange participent d’un élargissement de notre horizon culturel et cultuel. Lire des auteurs du xvie siècle par exemple nous projette dans un temps où la foi et la poésie s’interpénétraient tout naturellement. Découvrir le parcours d’un poète contemporain nous permet de mieux comprendre comment la poésie crée les conditions d’une perception de la foi, en nos profondeurs, et travaille à son émergence. Et, comme il n’est pas de chemin tout tracé ni obligé, nous découvrons la diversité des voies poétiques qui croisent les chemins de la foi : des textes ramassés à d’autres plus lyriques, des haïkus aux cheminements personnels, tout se déploie pour élargir notre appréhension de deux mystères évoqués ci-dessus. 

            Il nous faut enfin souligner avec force que ces jours d’étude ne cultivent en rien l’austérité ni le grave savoir. La diversité des intervenants, mais également des supports crée une programmation festive. Des groupements de textes sont ainsi lus à plusieurs voix, sur Jonas, sur la Création. Avec des incursions dans la littérature contemporaine (Jean Alexandre[3], De Dadelsen) et un détour par un extrait de pièce de théâtre (Allo Bybol![4]).  Un autre volet particulièrement convivial se présente sous la forme d’un atelier d’écriture, à partir de textes déclencheurs tirés des Évangiles. Ces ateliers permettent de découvrir, en toute simplicité et pleine confiance, ce qu’est la poésie. Et ils mettent à la disposition des participants les outils pour se réapproprier cette pratique de la langue. L’art musical occupe également une place importante ; le piano et le violon interviennent avec virtuosité non pas comme une simple ponctuation mais comme des instants des plages d’émerveillement. 

Tout ceci n’est possible que si une équipe se constitue au gré des années et des rencontres. Un noyau s’est ainsi créé autour des Éditions Jas Sauvages, les échanges vont en se multipliant et les retrouvailles sont toujours chaleureuses. 

Quand le rideau tombe ; nous avons conscience d’avoir vécu des échanges qui vont nous habiter dans les mois qui viennent. Une façon comme une autre de prendre date, et de commencer à travailler pour la prochaine mise en œuvre 

Tant il est vrai, comme l’affirme Christian Bobin, que « ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour [5] ». 


Illustrations: Jacqueline Assaël

[1] Albert Camus, Discours de Suède. 

[2] Blaise Pascal, Pensées.

[3] Jonas ou l’oiseau de malheur

[4] Jacqueline Assaël, Annie Coudène, Allo BybolÉditions Jas Sauvages.

 [5] La part manquante.

– Lecture impressioniste de Nouaison, par Alain Piolot

Premier poème du recueil Nouaison :

Alain Piolot :

Et Nouaison ? Dans votre avant-propos, vous écrivez, « Nouaison apporte la suite d’un recueil précédent, intitulé Frère de silence, qui n’avait pas encore trouvé sa vraie fin. » Pour vous, c’est fait, avec Nouaison.

J’ai relu la fin de Frère de silence :

et les deux superbes dernières lignes : 

Douleur, donc grâce ?

Dans Nouaison, ah ! les jonquilles ! Quel contraste avec la fin du recueil précédent :

Vous êtes chez vous.

« Les brumes du Mézenc », « les infimes saxifrages »… hymne à la Nature et donc, pour vous, à Dieu. Terre, terroir, éternité… présence divine.

Et cette légèreté : « Elle montait en osmose », « les orgues basaltiques ». Et à la Croix-de-Peccata : « libertés acquises et quiétudes apaisées ». Oui, Frère de silence n’avait pas trouvé sa vraie fin. Mais sans lui, Nouaison n’aurait pas vu le jour…

La lumière, la vie, connaître, reconnaître… Les lieux familiers apportent toujours quelque chose de nouveau.

« Il » n’est plus là. Il ‘est pas loin. Heureux de cette liberté qui est en elle.

L’émotion est là, palpable.

Et à Mazet-Saint-Voy… quel beau voyage : « Légère / Et presque désinvolte », … « les grillons », « la soie des lilas ». Être en paix avec soi-même ?

p. 24 : 

« Il » est là. N’y a-t-il pas de l’affection, de la tendresse, si je peux dire, entre Nouage et Nouaison ?

p. 33 : On revient à une belle simplicité : 

Et là :

Frère de silence n’est pas loin.

Retour à la beauté, retour à Chaudeyrolles et ces fleurs intimes :

On revient à Dieu (pour un apaisement ?).

Et puis Isaac : « Le cœur en ligature » et curieusement des mots anglais : « hold up » et puis « again » pour la vallée de l’Eyrieux. Mais, bon !, ce ne sont pas des anglicismes…

Les jonquilles, encore et toujours. Les saxifrages reviennent, et la proximité de Dieu.

Belle conclusion :

Dénouement du temps.

Et comme vous aimez tant ce paysage qui vous est familier, alors Dieu est proche :

Je suis à ma deuxième feuille. Nouaison. 

L’Essai dans un prochain courrier de novembre…

Dernier poème du recueil Nouaison :