– Échos d’un festival heureux de poésie de la foi. 3. Psalmothérapie (suite), par Marie-Christine Gay

Ce psaume m’a toujours accompagné sur mon chemin spirituel, et plusieurs fois dans ma vie des paroles m’ont été données, tirées de ce psaume, en particulier dans des moments difficiles. Il a été une vraie thérapie spirituelle et je le considère, avec Robert Michaud, Alphonse Maillot ou André Lelièvre, comme le plus beau du Psautier. Il appartient à une collection (Ps138 à 145) dédiée au roi David.

Traduction de la nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli’O, 2002

Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.

D’après Antoine Nouis, ce psaume commence par « la belle assurance de l’omniscience de DIEU », son omniprésence et sa toute-puissance puis suite à la louange, le psalmiste découvre une haine au fond de lui (V21) : il est alors pris de doutes et se fait plus humble et même suppliant.

Souvent les psaumes vont de la détresse à l’assurance, celui-là est à l’inverse. À tel point que certains théologiens ont pensé qu’il s’agissait de 2 psaumes différents.

La connaissance que Dieu a de l’homme est totale, cette totalité s’exprime au moyen d’oppositions et d’une anaphore « tu sais » : rien ne t’échappe.

Dieu nous connaît : 

  • Tout d’abord au niveau physique :
  • Puis Dieu nous connaît au niveau psychologique :
  • D’autres expressions montrent la transcendance de la connaissance de Dieu : 

Dieu n’a aucune limite temporelle ou spatiale, il est toujours près de chacun. Il n’a pas le regard d’un surveillant, mais d’un père céleste qui est au côté de son enfant dans la vérité de sa personne, et dans tous les actes les plus humbles et les plus banals de sa vie et à plus forte raison ses manquements. Dieu connaît tout de ses blessures et de ses désirs.

Trois anthropomorphismes (souffle, main, main droite) le démontrent dans les versets 7 et 10: 

Il est impossible d’échapper à Dieu où que l’on soit au niveau vertical :

Au niveau horizontal, les ailes de l’aurore sont une image poétique qui évoque l’orient et l’au-delà des mers évoque l’occident[1]

L’utilisation d’une figure de style comme cet oxymore vise à renforcer l’étonnement de cette présence de Dieu. Cette omniprésence de Dieu pourrait faire peur mais cil s’agit d’une bonne nouvelle, car il n’est pas de lieu ou l’on ne puisse saisir la main que le Seigneur ne cesse de tendre. Dieu est présent même au séjour des morts, on peut voir une analogie avec la mort et la résurrection du premier-né d’entre les morts. Le chapitre se termine par une espérance même si l’on est plongée dans les ténèbres, Dieu est encore là et l’on reste toujours sous son regard lumineux.

  1. Les versets 13-15  est un cri d’admiration devant le chef d’œuvre de la création ;

Le psalmiste découvre que Dieu était présent dès sa conception dans le ventre de sa mère. 

Puis il découvre qu’il est aimé de Dieu et qu’il est une créature merveilleuse tel qu’il est. 

Les enfants sont conçus dans le secret du lit conjugal et c’est dans le secret que s’établit notre relation à Dieu 

La conception mythique de la terre-mère établit un parallèle avec le sein maternel.

  • Les versets 16-18 : Représente la merveille de la création de l’homme.

Ces versets évoquent la pleine connaissance que Dieu a de l’homme, merveille de la création, aussi bien avant sa conception que dans le déroulement de ses jours.

L’homme est à la fois pleinement libre et totalement entre les mains de Dieu

Dieu connaît absolument tout de nous, en revanche il reste pour nous une énigme. (V17-18)

Cette contradiction entre la liberté totale de l’être humain et le fait d’être totalement entre les mains de Dieu donne encore plus la certitude de l’impénétrabilité des pensées de Dieu. Plusieurs interprétations de ce chapitre nous mettent devant le mystère de la révélation progressive de Dieu aux hommes.

La dernière strophe est remplie de violence et elle se divise en deux sections

1/Versets 19-22 : Malheur pour le méchant.

Au verset 21 et 22 l’orant ressent une haine implacable pour les ennemis de Dieu. La répétition à quatre reprises des mots « détester », « dégoût pour l’ennemi » montre l’intensité de cette haine :

Après s’être laissé habiter par la présence du Seigneur, le psalmiste découvre cette haine au fond de lui, ce qui le rend plus modeste et suppliant.

2/Versets 23-24 le bonheur pour l’orant.

Et au verset V24, il le prie de le conduire et de le guider sur le bon chemin

Je terminerai sur cette question : sommes-nous vraiment imprégnés dans le fond de notre cœur de ces grandes vérités ? Et un souhait : Laissons-nous conduire et instruire par l’expérience de ce psalmiste anonyme pour guérir nos blessures et mettre notre vie dans les mains de Dieu et utilisons le psaume 139 comme un puissant remède de guérison intérieure : psalmo-thérapie. 

Robert Michaud, Les psaumes, éditions Paulines.

Alphonse Maillot et André Lelièvre, Les psaumes, Genève, Labor et Fides.

Antoine Nouis, La Bible commentaire intégral verset par verset : 3 les livres poétiques, Olivétan/Salvator.