– Compte rendu de la « Rencontre-Théo-Lettres » 2025, par Hervé Carbuccia

Hervé prend tout en notes! Geneviève aussi…

Ouvert avec dynamisme par la conférence «L’activité créatrice de l’Esprit » conduite par Céline Rohmer le vendredi soir, il a été clôturé avec le même dynamisme dimanche par Jacqueline Assaël  qui nous a partagé ses découvertes sur « L’Esprit et la genèse de Jésus-Christ ».

Dire que ce colloque a été très riche est un euphémisme. Personnellement j’attends les actes pour me replonger dans chaque contribution car mes notes sont lacunaires. Or le contenu de chacune des contributions mérite d’être repris pour apprécier tout l’éventail des approches qui nous ont été proposées. 

Céline Rohmer nous a d’emblée montré comment Pneuma « Esprit/esprit » est employé dans le Nouveau Testament. Sachant que Paul, Luc et Jean ont partagé cette acception de Pneuma. Historiquement, Paul a été le premier à utiliser ce terme pour une signification précise. Rien que dans ses textes, 117 occurrences ont été relevées !

Je retiendrai deux points de cette contribution, mais tous les autres – ils sont nombreux-  méritent d’être  «ruminés » :

  1. Le Pneuma inaugure les temps nouveaux. Désormais ce n’est plus la Loi (la Torah) qui nous conduit mais la Grâce. Car la réception du Pneuma c’est la Grâce !
  2. En continuant à transformer l’esprit humain de l’intérieur, le Pneuma provoque une libération. Cette libération conduit à reconnaître autrui et fonde les communautés telles que Paul les définit à travers  l’image du corps.

Le lendemain matin, atelier de philologie « La double prédestination de Calvin » dirigé par Jacqueline Assaël.

Il décortique Calvin…

Il est ressorti de cette heure de travail en groupe que l’interprétation de l’Épître aux Éphésiens proposée par Calvin pour formuler « la théorie de la double prédestination » se fonde sur des contresens. Ces contresens ne résistent ni à l’étude philologique rigoureuse du texte, ni à l’examen critique des arguments de Calvin en particulier dans le chapitre XXII de son livre III.

 

Les nourritures terrestres vont vite laisser place à la rumination de l’Esprit

Après la pause repas, Stephen Backman (nouveau président du Conseil Régional de l’EPUDF en PACCA) a exprimé combien il se réjouissait de manifestations telles que Théo-Lettres. Sa courte allocution terminée,  il a cédé la parole à Jonathan Thiessen pour : «  Pneuma dans la pensée populaire et le langage courant du premier siècle. »

 

Jonathan a exposé les résultats de sa recherche philologique sur les significations de pneuma chez les auteurs du premier siècle (ap. J.C) en dehors du N.T.

Le cahier se remplit!

Nous avons appris que pneuma ne signifie jamais « esprit » en dehors des Évangiles et des épîtres du Nouveau Testament.  Ce terme désigne toujours quelque chose de matériel que ce soit en médecine, en météorologie ou dans le domaine religieux (les pythies recevaient leur inspiration de vapeurs montant de crevasses du sol). En conclusion de ce travail d’helléniste, Jonathan a postulé que le «pneuma esprit » ne se trouve que dans la littérature juive et chrétienne du premier siècle. Dans tous les autres textes grecs qu’il a examinés, pneuma recouvre des significations matérielles et impersonnelles.   

Christian Boudignon  a pris la suite tout en restant dans le monde grec puisque son exposé intitulé « Prier en Esprit : La prière dans la Bible selon Origène » a développé ce que signifiait prier pour Origène (vers 185 à 253). À travers la synthèse de son  étude de l’ouvrage d’Origène La prière dans la Bible  (v. 235), nous avons eu accès à la conception de la prière d’Origène. En particulier (mais pas seulement) le fait que seul l’Esprit Saint«sur-intercède » pour nous auprès du Père.  Là encore, la lecture des actes donnera la mesure du travail présenté par C. Boudignon.

Avec Yves Parrend « Esprit et souffle dans la littérature sapientiale. Une réflexion pour notre temps » nous sommes remontés dans le temps.

Cette contribution nous a plongés dans l’anthropologie hébraïque à travers les textes de l’Ecclésiaste, des Proverbes, de Job et des deutérocanoniques : Siracide et Sagesse de Salomon

À la grande différence de notre culture, l’intelligence a pour siège le cœur, la conscience : les reins, et enfin le sang est celui de la vie. Par une riche argumentation Yves Parrend  a exposé ce qui a conduit à traduire Néfesh par Psyché,  Rouah par Pneuma, et Neshama par Pnoè. Ainsi, les significations des termes hébreux ont été déclinées de façon à éclairer une conception de la Sagesse et la vision de l’être humain dans ces textes sapientiaux.

Jean Alexandre a poursuivi  par : « Un souffle habité ». Il a développé la dimension poétique des textes écrits en hébreu. Du fait que ces textes doivent être oralisés, Jean Alexandre a insisté sur les significations ancrées dans la perception comme par exemple « ROUAH » dont la racine verbale signifie « sentir, respirer, etc. » ; à ce titre, il recommande de traduire le mot par « Souffle » plutôt qu’Esprit. Les passionnants développements sur le texte de Genèse,  puis sur les effets de la traduction en grec (Septante) et des différents glissements sémantiques jusqu’à la rédaction des textes du Nouveau Testament, méritent d’être savourés en lisant les actes du colloque ! 

La contribution de Benoît Benhamou (dont le directeur de recherches est C. Boudignon) nous a ramenés chez Origène puisqu’il nous a présenté sa compréhension  des  textes : «Les trois baptêmes (eau, Esprit , feu) selon Origène». Cet exposé ne peut pas être synthétisé tant il était riche et dense. Je retiendrai juste le propos sur Elisabeth qui « criera » sous l’action de l’Esprit saint en accueillant sa cousine Marie. Il ne s’agissait pas de volume sonore mais de d’intensité de la parole jaillissant sous l’inspiration. Cette considération conduit directement à la clôture du colloque avec la contribution de Jacqueline Assaël « L’Esprit saint viendra sur toi » (Luc 1, 35). Genèses et  spiritualités ». Sous-titre : « L’esprit et la genèse de Jésus Christ ». Et là, je crée un puissant « suspens » en invitant toutes celles et ceux qui veulent connaître la teneur de la contribution dynamisante (saisissante, selon mon ressenti) de Jacqueline Assaël à en lire l’intégralité dans les actes qui seront publiés avant la fin de l’année !