par Jacqueline Assaël
La paroisse de Vence était en fête, ces 1er et 2 juin, pour célébrer les 80 ans de la fondation officielle de leur communauté. Cette fête a pris une belle dimension culturelle, grâce à l’action de Yves Ughes qui est membre de la paroisse, ainsi qu’aux convictions du pasteur Stefano Mercurio, du conseil presbytéral et de l’ancien président du Consistoire Côte d’Azur-Corse: Yves Raoux. Les responsables politiques n’ont pas manqué à l’appel : le maire de Vence et la vice-présidente du Conseil départemental ont pu constater la vitalité de la pensée et le rayonnement de ce foyer protestant dans la cité. La fête a battu son plein pendant deux jours!
Comme l’indique ce programme, la paroisse entendait situer sa manifestation sous le signe de la tradition culturelle et littéraire de l’Église luthéro-réformée.
Les éditions Jas sauvages ont pu dresser leur stand et présenter leur production pendant tout le déroulement de la fête.
Yves Ughes avait par ailleurs organisé une après-midi de lectures poétiques pendant l’après-midi du 1er juin. Rien n’avait été laissé au hasard: les poètes savent préparer minutieusement leurs actions. Un fil rouge avait été établi pour que les lectures s’enchaînent logiquement, avec des textes issus du XVIècle siècle et des poèmes actuels qui disent la foi dans l’intervention de Dieu dans l’existence humaine, d’autres qui en appellent à Dieu, d’autres qui situent le révélation de la présence de Dieu dans des lieux privilégiés.
Yves Ughes avait aussi préalablement animé un atelier de création poétique dont la production a été intégrée à ces lectures. À Vence, tout le monde est poète et a répété avec attention les lectures dont chacun était chargé. Au total, une douzaine de lecteurs enthousiastes.
Voici le “fil rouge” d’Yves Ughes, un modèle du genre:
Yves Ughes entouré de tous les lecteurs dans la St Hugh’s Church, temple de Vence
Le lendemain était programmée la représentation de la comédie théologique Allo Bybol, interprétée par Annie Coudène et moi-même.
Là encore, nous avons eu affaire à un public de connaisseurs, attentif et rieur. Annie avait monté un décor à partir de peluches et d’une échelle pour son personnage Angélique. Pour ma part, j’avais emprunté une énorme Bible anglicane et la bibliothèque théologique d’Yves Ughes pour garnir la table de travail de Luthérine.
Les commentaires, sur le vif, du pasteur Mercurio, après la représentation ont été d’une pertinence rare: il a relevé la structure en puzzle qui constitue la pièce combinant la trajectoire des deux personnages, le caractère volontiers subtil de l’humour employé et il n’a pas esquivé les questions de fond abordées par la comédie réclamant du sens et de la tenue pour les paroles des cantiques, dans la liturgie. Lui-même a déclaré s’être régalé tout au long du spectacle, de même que le président du conseil presbytéral, Philippe Bénistant, évoquant: “la pièce de théâtre qui nous a bousculés dans les pages de la Bible”!
Mission remplie pour Angélique et Luthérine, prêtes à continuer leur tournée!
La rencontre des lecteurs autour du stand des éditions Jas sauvages a été un réel plaisir, avec les retrouvailles de personnes avides de se sustenter de poésie, pour la méditer ou pour la partager lors de visites… Une apicultrice, une protestante ardéchoise, une descendante de protestants allemands ont choisi leurs livres et nous ont raconté leur histoire du protestantisme et leur manière de le cultiver.
Longue vie à la paroisse de Vence!
Photographies: Anne Sattonnet