Lors d’une récente étude biblique dans la paroisse de Marseille sud est, nous avons réfléchi au thème de l’amitié, pour savoir ce qu’il représentait chez les philosophes et dans la spiritualité du Nouveau Testament. Une phase de la réflexion s’est déroulée en petits groupes, autour d’une phrase du philosophe latin Sénèque :
– « Dans quel but te procures-tu un ami ? » – Pour avoir quelqu’un pour qui je puisse mourir, pour avoir quelqu’un que je suive en exil, à la mort de qui je m’oppose.
Même dans ce contexte, Frauke Baymann rétablit toujours le lien de sens avec les questions de la foi. Sa synthèse en atteste.
Notre petit groupe de trois était très hétérogène face l’extrait proposé.
« Dans quel but te procures-tu un ami ? » sonne comme
« Pourquoi tu t’achètes un smartphone ? », une provocation
du même style que celles qu’on peut entendre de nos
jours sur la foi.
Or, la réponse montre que la personne interrogée ne se
laisse pas déstabiliser par cette provocation mais
répond à la fois un brin provocatrice elle-même – « mourir,
s’exilier, perdre quelqu’un » ne semblent guerre enviables –, et à la
fois de façon profonde, en adressant des grandes
questions de la vie : la mort est un scandale, un non-
sens, mais si elle sert à faire vivre quelqu’un d’autre, un ami,
une amie, elle perd son absurdité. S’exiler, tout perdre,
être forcé d’aller vers un avenir incertain et inconnu est
dur mais si l’ami me précède, le chemin devient plus
léger; si je m’oppose à la mort de l’amie, j’œuvre contre
tout ce qui s’oppose à sa vie (la maladie, l’injustice, les
guerres. . .) et donne ainsi un sens à ma vie.