par Jacqueline Assaël
La rentrée littéraire des éditions Jas sauvages
est… fertile !
Les éditions Jas sauvages préparent la parution de deux livres
dans la collection « Prièmes »
pour la rentrée de septembre :
Nous espérons que leur lancement pourra avoir lieu le 3 septembre, à Mialet, lors de l’Assemblée du Désert.
D’ores et déjà, voici ci-dessous une présentation des deux ouvrages.
Engranger le fertile
de Lucie Wateau
Rien n’est plus réjouissant que cette image : « engranger le fertile », qui promet fécondité et lumière, annihilant toute famine et tout doute.
Lucie Wateau a su la cueillir dans la profondeur de sa foi, et elle a su la faire fructifier dans ce bouquet qu’elle nous offre avec tant de générosité et d’humilité.
Car Lucie Wateau a fait comme Saint Thomas : elle a « risqué le chemin » de la poésie : non pas une poésie mystique et noire, mais une poésie « légère, détachée et joyeuse au réveil, comme les moucherons qui dansent au soleil » comme celle de la poétesse Marie Noël.
Tant sur le papier que dans la profération de ses poèmes, Lucie Wateau joue avec les silences et les mots un peu comme une pointilliste ou une percussionniste.
Lucie est musicienne et sait transmettre ces notes et ces vibrations qui réjouissent l’oreille et l’esprit.
Lucie est artiste (ne s’appelle-t-elle pas Wateau ?) et ses mots sont couleurs.
Ses poèmes sont des mandorles où se niche sa foi, une foi lumineuse et exigeante et qui nous donne droit à la délicatesse de l’amande partagée, celle que l’on croque mais celle aussi que l’on fait germer (ne faut-il pas « engranger le fertile » ?)
Agathe Bischoff-Morales
Nouaison
suivi de Genèse et Nouaison, à la manière de Søren Kierkegaard
de Jacqueline Assaël
Nouaison apporte la suite d’un recueil précédent, intitulé Frère de silence, qui n’avait pas encore trouvé sa vraie fin. Dans cette situation poétique, la particularité d’un lien fraternel, noué dans ce mutisme consubstantiel à la personnalité de l’un des deux protagonistes créait une proximité affective peu ordinaire. Mais au bout d’un certain temps, le lien peut-il perdurer dans l’éloignement quotidien et dans ce silence qui, à échelle humaine, paraît s’éterniser et s’épaissir peut-être irrémédiablement ?
La dramatique de Nouaison esquisse et affirme une réponse que les ressorts psychologiques et les philosophies de la liberté ne pouvaient pas laisser prévoir, sauf, en un certain sens, celle de Søren Kierkegaard, dans sa subjectivité singulière et sa dimension transcendantale, c’est-à-dire, en l’occurrence, spirituelle.
Ce volume réunit plusieurs modes d’expression d’une même expérience humaine. L’inspiration poétique suggère les sensations vécues à l’improviste, par une conscience déliée, dans des lieux chargés de cette histoire silencieuse, sur les flancs du Mézenc et dans la chapelle du Mazet-Saint-Voy ; elle chiffre ces impressions dans la symbolique d’un temps précis, celui des dernières jonquilles qui entament leur nouaison, saupoudrant le Plateau des promesses d’un filet de graines aériennes.
Le recueil est suivi d’une réflexion qui fait écho à la méditation de Kierkegaard, dans Crainte et tremblement, car ce traité aborde la même question de la survie d’un lien et d’une relation, au-delà de l’anéantissement et du mutisme. Le philosophe y transpose son cas personnel à travers plusieurs schémas narratifs, biblique et littéraires. Notamment, Kierkegaard cherche à imaginer l’état d’esprit d’Abraham au moment où il ligote son fils Isaac et lève le couteau sur lui, auquel il tient infiniment, dans la foi que Dieu lui restituera l’être qu’il s’apprête à lui sacrifier et dont il se tient séparé par un mur de silence.
Nouaison adopte plutôt le point de vue d’Isaac, et sa réaction se dessine alors vis-à-vis de tous les liens qui l’attachent.
Lianes, Éliane Karakaya
« Elle atterrit
Là
En ce temps inouï
Cette dentelle d’entredeux
Entre Ascension et Pentecôte
Où d’éclaircie sauvage
Embuée et fleurie
Le Plateau sauve
Et embellit
La nouaison de ses jonquilles
Il aurait dit ‘Nouage’’
Elle dit ‘Nouaison’ »
J. A.